L'ACTION DE LA DISCORDE:
C'est une action dont la Catalogne et Londres débattront longtemps : celle qui a valu à Jens Lehmann, à la 18e minute de la finale, d'être le premier joueur expulsé en finale de Coupe d'Europe, et celle qui a empêché Barcelone d'ouvrir le score malgré une conclusion de toute beauté. Ronaldinho lançait Eto'o dans l'axe. Le Camerounais était stoppé dans son élan par Lehmann venu à sa rencontre, juste devant la surface, mais le ballon parvenait sur la droite à Giuly, lequel plaçait le ballon dans le but vide. Mais l'arbitre M. Hauge a choisi de revenir à la première faute sans accorder avantage à Barcelone. Résultat : 0-0, expulsion de Lehmann, et coup franc tiré par Ronaldinho. L'action a aussi valu à Pires de sortir de façon prématurée, le visage défait, pour laisser sa place au gardien remplaçant Almunia. C'était le dernier match du Français sous le maillot d'Arsenal. Il jouera l'an prochain à Villarreal.
TOUJOURS RIEN POUR LONDRES
Londres n'a pas encore gagné la Ligue des champions. Jusqu'à cette année 2006, la capitale de l'Angleterre n'avait jamais placé un de ses clubs en finale de la C1. Elle compte cette saison six clubs en Premiership (Arsenal, Charlton, Chelsea, Fulham, Tottenham et West Ham). Les dix C1 anglaises se partagent entre Liverpool (5), Manchester United (2), Nottingham Forest (2) et Aston Villa (1), club de Birmingham. Un seul club anglais a perdu une finale de C1 : Leeds en 1975.
Finale : Barcelone - Arsenal (2-1) - BARCELONE A SON GRAAL:
Le FC Barcelone a remporté sa deuxième Ligue des champions, après celle de 1992, en dépassant Arsenal dans le dernier quart d'heure de jeu (2-1). Eto'o et Belletti ont marqué les deux buts vainqueurs, servis par Larsson.
Lehmann expulsé à la 18e minute:
Il a fallu beaucoup de force mentale en plus de son habituelle dextérité, distillée cette fois par fragments, pour que Barcelone remporte la deuxième Ligue des champions de son histoire, quatorze ans après Wembley. Arsenal s'est davantage rapproché que le champion d'Espagne de son meilleur niveau, mais l'équipe de Frank Rijkaard ne s'est jamais laissée submerger par les quelques événements contraires qui ont jalonné sa finale. L'équipe d'Arsène Wenger est allé au bout de ses idées mais ne s'est tout simplement pas remise de l'expulsion précoce de son gardien Jens Lehmann (18e). En infériorité numérique, avec le gardien Almunia à la place de Pires, Arsenal a maintenu un bloc cohérent, utilisé précieusement tous ses ballons, au point d'ouvrir le score (37e) sur un corner de Henry repris par Campbell de la tête. Barcelone avait été déjà passablement frustré par le but que lui avait refusé M. Hauge sur l'expulsion de Lehmann, l'arbitre norvégien ayant curieusement décidé de ne pas appliquer la règle de l'avantage. Les Catalans, plus dispersés que d'habitude, comme rattrapés par leur statut de favori, ont pu se croire dans un jour sans. Les bonnes connexions Ronaldinho - Guily étaient toujours interceptées de peu (28e, 33e, 34e). Juste avant le repos, Eto'o voyait une frappe bien lourde déviée par Almunia sur le poteau. Quand Ronaldinho expédiait un plat du pied brouillon à dix mètres de sa cible, la thèse du soir maudit n'était pas loin (62e).
Le coaching de Rijkaard:
Mais à force de courir après le ballon (plus de 60% de possession pour Barcelone), Arsenal, malgré son courage, n'a pu empêcher l'issue qui se dessinait. «Tenir à dix contre onze, ça nous est déjà arrivé, a raconté Arsène Wenger au micro de TF1. Mais quand tu cours après le ballon longtemps, tu sais que les vingt dernières minutes seront difficiles. Il fallait jouer avec leurs nerfs pour leur mettre un deuxième but. Il les aurait "tués". On en a eu l'occasion.» Hleb (63e), Ljungberg (67e) et Henry (70e), seul face à Valdes, ont manqué leur dernier geste. Frank Rijkaard tira alors profit de son coaching judicieux. Iniesta avait remplacé Edmilson à la pause, Larsson avait supplé Van Bommel, la surprise du onze de départ (61e) et Belletti avait pris la place d'Oleguer (72e) pour apporter son sens du débordement côté droit. Résultat : Larsson livra deux passes décisives en forme de judicieuses déviation, pour Eto'o côté gauche (76e), puis Belletti côté droit (80e), l'un et l'autres très adroits dans un angle difficile.
Arsène Wenger n'est pas devenu le premier entraîneur français vainqueur de la Ligue des champions, perdant même sa troisième finale européenne après la C2 en 1992 avec Monaco et la C3 en 2000 avec Arsenal. Que son équipe ait poussé son record d'inviolabilité à 1005 minutes ne le consolera pas davantage que l'exceptionnelle stature de son adversaire, par ailleurs tombeur de Chelsea (2-1, 1-1) et de l'AC Milan (1-0, 0-0). Frank Rijkaard, lui, devient l'égal des plus grands : il est le cinquième à remporter la C1 après l'avoir fait comme joueur, après Munoz, Cruyff, Trapattoni et Ancelotti. Son équipe semble aussi capable de conserver son trophée, un exploit que personne n'a réussi depuis l'AC Milan de 1989 et 1990. Rijkaard était dans le coup.
